Voilà un créateur de lieu qui a connu un parcours multiple dans des lieux multiples ! Benoit Lacroix est successivement passé par l’expérience internationale des Petits Chanteurs à la Croix de Bois, dans la restauration avec ses parents dans les Alpes et dans l’animation auprès des Scouts et guides de France ou au sein d’associations humanitaires. A l’issue de sa scolarité, il se découvre une passion pour l’escalade et l’alpinisme en organisant des expéditions en montagne avec des jeunes en difficulté.
Puis il s’installe à La Rochelle avec l’idée de créer un lieu de mélange autour du sport. Il n’y a pas de stratégie fixée quant à l’accueil d’autres activités mais plutôt un état d’esprit d’ouverture et une volonté d’expérimenter. Démarre alors la recherche d’un site pour accueillir ce lieu (une recherche rocambolesque racontée en fin d’interview).
Puis, le concept est établi. Le sport aura un rôle de rassembleur : ce sera l’escalade. Et c’est sous un grand et unique toit (The Roof) que seront occupés d’autres espaces de ce lieu unique qui ouvre en 2013. Viendront alors une activité de yoga, un restaurant, un petit espace de coworking, un potager, un atelier de réparation de vélo ou encore un espace de musique.
La réussite du lieu en inspire d’autres à Benoit. Il créé alors The Roof France pour accompagner la création de lieux similaires ailleurs en France dont Bayonne, Rennes, Toulouse ou Brest. En 2015, l’UCPA rejoint l’aventure en apportant des fonds propres. Une manière pour l’association de mettre un pied dans les sport-loisirs de centre-ville et de développer l’expertise qui conduira plus tard au concept de Sport Station.
Mais cette expérience de développement national en réseau ne fonctionne pas de la manière dont Benoit l’avait souhaité et c’est autour du site Rochelais qu’il choisit de se recentrer. Pour mieux revenir à l’idée initiale, s’appuyer sur ce qui a fonctionné et apprendre des erreurs, il organise avec son équipe le lancement des Cabanes Urbaines, dont l’ouverture a eu lieu cette année !
Avec ce portrait, découverte d’un parcours et d’un lieu de loisirs pas comme les autres.
Vos sorties loisirs préférées (après Les Cabanes Urbaines bien sûr) ?
Dans l’absolu, mes sorties loisirs préférés sont la grimpe, la navigation et l’alpinisme. En ville, et à la Rochelle, c’est aller chez Hortense, une institution ! C’est le lieu où j’ai le plus envie de retourner quand les restaurants rouvriront.
Votre souvenir « loisirs » le plus marquant ?
C’est un voyage au Japon quand je faisais partie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Je devais avoir 11 ans et nous passions nos quartiers libres dans les grandes d’arcade géantes de Tokyo. On y trouvait des jeux vidéo vraiment incroyables, très élaborés !
Ce qui vous plait le plus dans le divertissement ?
C’est de grimper moi-même, voir les gens grimper et m’amuser avec eux. Mais ne comptez pas sur moi pour leur apprendre, je n’ai pas la patience !
Ça représente quoi pour vous un lieu de loisirs dans la ville ?
C’est un peu un point de ralliement, un camp de base où l’on vient pour toute une série de raisons depuis l’organisation d’un débat ou simplement pour raconter ses vacances. « Camp de base » a d’ailleurs été un nom auquel nous avions pensé pour les Cabanes Urbaines.
Dans la période actuelle, un lieu comme le nôtre, même s’il n’a pas joué un rôle de loisirs pendant plusieurs mois, a été une vraie respiration. On y croise d’autres personnes, peu mais c’est bien mieux que seul chez soi.
Votre ville préférée ?
La Rochelle. C’est une petite ville mais avec un dynamisme impressionnant et beaucoup d’évènements.
L’enjeu des métropoles de demain selon vous ?
Si j’étais Maire, je regarderais de près l’activité des entreprises agissant sur le territoire. Qu’une entreprise génère de l’argent est une chose normale mais elle doit mettre une vraie utilité sociale en face. Et je pense qu’il est nécessaire de faire respecter des cahiers des charges exigeants car les améliorations ne viennent pas d’elles même.
Votre premier projet d’entreprise ?
The Roof fut ma première entreprise mais son idée n’est venue qu’après celle du lieu. J’avais en effet une idée claire du lieu que je voulais créer, des valeurs que je voulais lui confier et j’aurai aimé le créer sans recourir à l’entreprenariat et ses codes.
Mais la réalité est que si l’on veut investir un minimum, employer des salariés pour recevoir le public et les usagers, créer un lieu pérenne, l’entreprise est le seul modèle possible. Alors il a bien fallu s’y mettre !
Votre devise ?
Bien dire fait rire, bien faire fait taire !
Pour finir, un conseil à donner à ceux qui veulent se lancer ?
Je dirais qu’il faut changer son rapport à l’échec. Enfant, on apprend à l’école qu’une mauvaise réponse est un échec mais on n’apprend pas à se relever après une chute et à avancer encore.
Mon expérience personnelle avec the Roof fut douloureuse mais pas fatale. Et de la crise est arrivée un projet encore plus beau.
Mieux vaut tenter, rater et apprendre de son expérience que de ne rien faire.
Un mot sur l’actualité du projet ?
Disons plutôt quatre mots !
Investissement : La transformation de The Roof en Les Cabanes Urbaines, c’est un investissement de 3,5 millions d’euros et un chantier faisant la part belle à la récupération, l’optimisation et à la réutilisation tout en comportant une partie neuve.
Programme : toutes les activités qui composaient The Roof autour du lieu d’escalade (studio de yoga, restaurant, potager partagé, …) vont voir leur place confortée. Le coworking par exemple est passé de 100 à 400 mètres carrés. De nouvelles activités sont arrivées comme un magasin de vrac zéro déchets et un cabinet mutualisé dédié aux médecines douces.
Calendrier : Le lieu a ouvert ce mois-ci pour une exploitation partielle tout l’été. Ensuite les Cabanes Urbaines fermeront à nouveau en septembre pour permettre au chantier de reprendre en vue d’une ouverture en Juin 2022.
Innovation : Parmi les nouveaux occupants de l’espace coworking, figure notamment LEKKO, un incubateur d’entreprise dédié aux loisirs et au tourisme durable porté par Village Vacances Familles et Charente Tourisme.
Question bonus : Un lieu grand, atypique et bien situé comme le votre, ça n’a pas du être facile à trouver ! Racontez nous un peu ?
Quand nous avons monté The Roof, nous avons forcement cherché un local à la Rochelle pour l’installer. Mais nous l’avons fait nous-même « à la main » en explorant la ville à vélo et en allant trouver au cadastre les coordonnées des propriétaires pour obtenir un bail ou une promesse de vente.
Lorsque nous sommes passés rue Cardinal (NDR : le lieu actuellement occupé par Les Cabanes Urbaines), le lieu était fermé mais il nous a semblé intéressant. Le cadastre indiquait qu’il appartenait à la Communauté d’Agglomération de la Rochelle mais ils n’avaient pas l’air d’en avoir conscience ! Il a fallu un peu de temps pour comprendre que ce lieu était l’ancienne maison des étudiants de l’université et qu’il s’agissait d’une réserve foncière pour une opération de logement. Et dans ce quartier proche du port, le logement vaut cher !
Après plusieurs mois de tractations, l’agglomération a accepté de nous le louer pour période de cinq ans à l’issue de laquelle elle le reprendrait pour le vendre. Mais le projet a mieux pris que prévu et devant nos résultats et l’apport du lieu au quartier, l’agglomération a accepté de nous le vendre. C’est ainsi que nous avons pu engager nos travaux pour créer les Cabanes Urbaines.
Merci à Benoit pour ce portrait !
22 Rue Cardinal
17000 La Rochelle