A l’automne dernier, sur le chemin de Toulouse où je partais en famille découvrir la fabuleuse Halle de la Machine et ses imposants habitants, une étape fut programmée du coté de Montauban, précisément à Tohu Bohu, un parc d’attractions indoor familial.

Le site est facile d’accès depuis l’autoroute A20, il se situe dans une zone d’activité en périphérie sud de Montauban. Autour du parc sont implantées des entreprises et des commerces typiques de ce genre de zones (Mr Bricolage, Intersport, Casino,…). Juste à coté, dans le même bâtiment, on note un Trampoline Park.

Dès l’entrée, on comprend que l’on a affaire à un véritable parc d’attraction intérieur et non à une simple aire ou plaine de jeux couverte. L’espace d’accueil est spacieux, agréable et bien équipé pour se preparer à entrer. Des chaussettes sont en vente au cas où on aurait oublié les siennes car elles sont obligatoires sur les jeux. Côté gauche après l’entrée, on trouve d’abord un vaste « open space » pour les évènements et les groupes, équipés de grandes tablées et de portes manteaux. Les espaces de ce type sont d’habitude présentés sous la forme de box privatisables (Royal Kids, Youpi Park,…). Juste en face, le snack et les services (sanitaires, change bébé,…).

En poursuivant le tour, l’espace des « petits » (de 1 à 4 ans) équipé de nombreux jeux en mousse, de jeux gonflables, d’un petit labyrinthe aérien et d’une piste de tricycle. Cette piste permet de rouler sur des petites motos de la marque Arrigo. A côté, une affiche indique où se les procurer, au parc ou sur internet.

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L’espace des tous petits

Après la classique piscine à boules, c’est ensuite l’espace des « grands » (à partir de 5 ans) avec pour l’essentiel un labyrinthe géant multi-activité (Play-Mart / IplayCo), une piste de kart et de luge ainsi qu’un espace de briques de construction géantes. Le fond du parc, à droite après l’entrée, est composé de jeux sous le forme de dôme d’air, et de bumper cars. Cet espace est peu moins dense et animé que le reste de l’espace.

Partout dans le parc, de petits jeux en supplément dont des petites machines et véhicules très amusants et très faciles à manipuler pour les tous petits.

Enfin, la mezzanine accueille l’espace au calme des parents et des plus grands. Il est équipé de fauteuils, d’un billard et d’une bibliothèque / ludothèque. C’est également à ce niveau que l’on trouve la gare du monorail suspendu : Helicotp’Air. Son parcours est simple mais permet, en pédalant, de survoler l’essentiel du parc. Une véritable attraction mécanique très originale dans ce type de lieu.

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Helicopt’Air, un point de vue inédit

« On ne devrait jamais quitter Montauban » peut on entendre dans un célèbre film des années 60… Il a bien fallu partir après deux bonnes heures de jeu et de rire mais le souvenir de ce bel endroit ne m’a pas quitté et j’ai ensuite cherché à contacter son gestionnaire afin d’en apprendre plus sur sa création.

C’est ainsi que Marie Puech, gérante de Tohu Bohu a bien voulu répondre à mes questions :

FFC : Que vous inspire le fort développement des nouveaux lieux de loisirs en ville (escape game, réalité virtuelle, loisirs actifs, expériences immersives, …) ? 

MP : « C’est un développement qui s’explique autant par la demande que par l’offre. D’un côté, un public qui recherche des loisirs réguliers à prix réduits (les vacances sont plus fragmentées et on part moins longtemps) et de l’autre, des professionnels en reconversion qui recherchent un nouveau métier. Je connais beaucoup de créateurs de parcs pour enfants qui sont des anciens de la grande distribution par exemple.

Les activités de loisirs doivent composer avec des recettes provenant de tarifs réduits permettant d’attirer et de fidéliser un large public et des charges d’exploitation élevées notamment au regard des impératifs de sécurité, en particulier avec un public d’enfants. Les lieux qu’ils occupent sont à l’image de ces contraintes : une grande surface permettant l’accueil de multiples activité, facile d’accès mais à prix maitrisé. Si le modèle fonctionne, ces lieux peuvent alors se multiplier.

Les premiers parcs indoor pour enfant sont apparus à partir de 1995. Dix ans plus tard on en comptait déjà une centaine. Au début des années 2010 on est arrivé à une stabilisation du nombre de parcs en France, autour de 400/450. Royal Kids est aujourd’hui la plus grosse franchise. C’est la possibilité de se financer à l’étranger qui à permis à cette franchise de se développer, car à son lancement il n’y avait pas de référence en France.

Créer un parc indoor pour enfant a pu être une activité profitable, lorsque les acteurs étaient encore peu nombreux, mais aujourd’hui le modèle est plutôt équilibré. Les grandes enseignes se distinguent surtout par certains aspects du produit et par le type de localisation, à l’image de Gulli Park qui exploite le capital d’image de la chaine de télé, se spécialise dans les animations (anniversaire) et vise des grands centres commerciaux. »

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De nombreux petits jeux supplémentaires dans les allées de Tohu Bohu

FFC : Pouvez-vous m’exposer les grandes étapes de la création de ce lieu, programmation, recherche d’une implantation, construction, lancement auprès du public ?

MP : « Notre premier parc Tohu Bohu (en référence au vacarme et au bruit de fond fait de rires et de cris, habituel dans ce type de lieu) a ouvert en 2007, au nord de Montauban, à côté d’un grand Karting. Nous y avions exclusivement un ensemble de jeux gonflables. En l’absence de financeurs, c’est grâce au soutien du propriétaire du bâtiment que nous avons pu démarrer l’activité. Il a financé une part importante des travaux nécessaires à notre lancement. Mais par la suite, les loyers ont progressivement augmenté jusqu’à devenir insoutenables.

En 2010, grâce au bilan d’exploitation du premier parc, nous avons pu obtenir un financement et acheter le terrain de 2 hectares pour construire le bâtiment de 2 200 m² où nous nous trouvons aujourd’hui. Nous avons d’abord simplement transféré nos jeux dans le nouveau site mais par la suite, nous avons repensé progressivement l’ensemble des attractions car les seuls jeux gonflables sont accidentogènes, notamment du fait du comportement des adultes.

Les grands labyrinthes se sont avérés une bonne solution. Il est intéressant de noter que ces jeux, dans leur forme première, étaient des agrès pour permettre l’activité physique des enfants à mobilité réduite. Ils ont beaucoup évolué depuis et sont devenus incontournables de ces types de parcs. En matière de gestion, ils imposent tout de même de contrôler le poids supporté, d’où le système d’horaires que nous avons mis en place (NDR : seuls certaines places horaires permettent aux parents d’accompagner les plus petits, le reste du temps seuls les enfants peuvent y jouer librement). Il n’était pas question de créer un contrôle d’accès à l’entrée de la structure. Nous avons aussi travaillé sur l’ambiance acoustique, notamment au plafond. Le traitement du sol est plus couteux. La maitrise des souffleries des jeux gonflables participe aussi à cette qualité. »

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La mezzanine des « Very Importants Parents » et la gare du Monorail

3) Quel est votre ressenti sur l’expérience du public depuis l’ouverture. Avez-vous dû adapter l’offre depuis l’ouverture, prévoyez-vous de le faire prochainement ? Avez-vous de nouveaux projets ?

MP : « L’offre du parc a beaucoup évolué depuis l’ouverture. Les attractions, tout d’abord, avec l’ajout du grand labyrinthe en 2012 puis du monorail suspendu en 2015. Nous avons également fait évoluer notre politique tarifaire en établissant une participation financière pour les adultes accompagnant (NDR : cf. Tarifs du parc) mais en autorisant les pique-nique à l’intérieur.

Aujourd’hui, la fréquentation annuelle est de 70 000 personnes (adultes et enfants). Notre public est essentiellement local (53% de Montauban, 40% du département et 7% hors du département). La réforme des rythmes scolaires et le passage à la semaine de 4.5 jours a eu des effets notables sur la fréquentation en semaine. Avant, nous avions plus d’affluence le mercredi. Le fait de ne pas avoir école le mercredi permettait aux enfants de faire des activités sportives le mardi soir et du coup de libérer le mercredi pour venir chez nous.

Les évènements d’anniversaire sont une part significative de notre activité et ils ont aussi beaucoup évolué. Nous sommes partis de huit tables à un espace ouvert pour dix-huit groupes. Cette configuration s’est avérée plus facilement exploitable pour les groupes venant avec les centres de loisirs.

En matière de projets récents, nous avons ouvert un Trampoline Park en juillet 2017 dans une partie de notre bâtiment (Up n’Jump 82) afin d’élargir l’âge du public que nous accueillons. Nous avions un projet de karting électrique qui n’a pour le moment pas abouti. Nous nous intéressons également à la réalité virtuelle mais n’avons pas encore trouvé une offre qui nous convienne. Nous avons conscience que notre parc de jeu est un peu trop grand et que nous pourrions créer une division pour accueillir une troisième activité. Nous cherchons encore.

L’absence d’un tissu d’entreprise conséquent à Montauban est un frein à notre développement car nous ne pouvons pas encore compter sur ce public particulier. Mais par exemple, la pratique des « Arbres de Noël » est toute récente ici, preuve que la culture du Team Building peut évoluer. »

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Les « bumper cars »

 


Marie Puech, portrait : 

« Tohu Bohu est une affaire de famille et d’évolutions permanentes. J’ai une formation de couturière et mon mari était chauffeur. L’idée de créer des animations lui est venue en effectuant des livraisons du côté des plages à la belle saison. Nous nous sommes alors lancés au début des années 2000 par le biais de petites animations saisonnières dans les campings, avec des jeux gonflables. Nous avons poursuivi l’expérience en faisant de l’animation pour de grands évènements. Nous nous sommes ensuite « sédentarisés » à Montauban, un peu par hasard.

Outre la gestion de Tohu Bohu, je m’occupe également de la vice-présidence du SPACE, Syndicat des Parcs d’Attractions Couverts pour Enfants. Ce syndicat avait été créé à l’origine pour résoudre collectivement une difficulté de doctrine fiscale qui handicapait sans raison de nombreux parcs comme le notre. Ce problème étant réglé, le syndicat a aujourd’hui pour vocation d’accompagner tous les créateurs de loisirs indoor, notamment en matière de qualité (registre unique avec l’AFNOR) ou de sécurité. »

 

Propos recueillis par téléphone et par échange de courriels entre Octobre 2019 et Février 2020. Funfaircity remercie chaleureusement Marie Puech pour ton son temps et pour son enthousiasme à répondre à mes questions sur son entreprise et son histoire.

Illustrations : Funfaircity

 


Tohu Bohu Parc d’attraction familial

199 avenue du Danemark, 82000 Montauban

https://www.parctohubohu.com/