En Juin dernier, mes fonctions de consultant loisirs chez Voltere by Egis m’ont conduit à me rendre en équipe à Tashkent, capitale de l’Ouzbekistan, dans le cadre du développement d’un grand projet. Sur place, nous avons découvert une ville surprenante notamment par son offre en offre de loisirs. J’ai voulu vous en dire un mot...
Après le survol de la mer d’Aral, ce sont des steppes ininterrompues pendant plus d’une heure. Progressivement, un peu de végétation et des cours d’eau que l’on devine plus que l’on ne voit. Rapidement, quelques bâtiments et des infrastructures, de plus en plus dense. Puis voilà, on est posés. Tashkent « survient » comme cela, après des heures de vol au-dessus des grandes steppes d’Asie centrale. De l’autre côté, c’est le début de l’Himalaya avec quelques chaines de montagnes de taille modérée. La Chine n’est qu’à 500 km à vol d’oiseau.
On a rapidement le sentiment d’une métropole oasis, perdue entre le désert d’un côté et les montagnes de l’autre. Montagnes qui alimentent justement la ville en eau. En Juin il y faisait déjà très chaud mais toutes les pelouses étaient vertes, bien arrosées. Contrairement à Boukhara, Khiva ou Samarcande, les plus célèbres des villes Ouzbèkes classées à l’UNESCO, Tashkent n’a plus de richesse patrimoniale antique en dehors des collections de ses musées. La ville fut en effet détruite lors d’un grand tremblement de terre en 1968 puis reconstruit selon les codes de l’époque dans cet état de l’URSS : larges avenues, parcs, monuments, grands équipements, programmes immobiliers d’ensemble.
La ville est néanmoins :
- La capitale administrative
- La ville la plus peuplée de la région avec 3,4 millions d’habitants
- La principale porte d’entrée internationale, notamment pour les touristes visitant les grands sites UNESCO
- Le siège des grands musées nationaux
- Un pole industriel et tertiaire majeur
- Un lieu d’échange entre de nombreuses cultures et influences (Russie, Chine, Inde, Turquie,…), dans l’esprit de la route de la soie, qui a fait la légende du pays.
Mais si Tashkent méritait bien sa place sur Funfaircity c’est pour son offre en loisirs urbain. Dans une proportion que l’on imaginait pas y trouver. Car ce sont bien huit parcs d’attractions, un zoo et au moins six parcs aquatiques que l’on peut dénombrer. En pleine ville.
Nous n’avons pas pu tout visiter mais voici une sélection représentative.
GREEN PARK
Le parc de loisirs, dans sa plus simple expression ! Comme son nom l’indique, Green Park se situe dans un grand parc arboré et donc très agréable par l’ombre qu’il procure. Coté loisirs, c’est une collection très hétérogène d’attractions pour enfants avec deux « flat rides » à sensation fortes. La décoration et l’offre de restauration sont simples, mais présentes.
Toutefois, si l’ensemble parait très basique, les attractions sont accessibles au moyen d’une carte rechargeable.
TASHKENT ZOO
Un zoo ancien (1924) qui n’a pas connu de rénovation majeure et une nouvelle approche de la conservation animalière. Les enclos et volières sont simples et de taille réduite. On ne note pas de mise en scène particulière ou d’animation/médiation. Plusieurs petites attractions en supplément ou non sont proposées mais sans cohérence particulière : réalité virtuelle, point photo, manèges forains, jeux gonflables, mini bus,…
Le parc est néanmoins très grand avec de nombreux espaces à explorer et d’animaux à découvrir. Il était très fréquenté en ce jour de vacances.
A l’entrée était exposée une grande maquette présentant une manière dont le zoo pourrait être transformé.
CENTRAL PARK
Un des parcs d’attraction historiques de la ville, ouvert en 1934 et récemment rénové. Le cadre est très agréable avec beaucoup d’arbres, des plans d’eau, du relief et des perspectives. On note aussi une décoration soignée de certaines allées bordées de boutiques.
Central Park offre des attractions variées, certaines récentes comme un Air Race de Zamperla ainsi que deux montagnes russes.
L’ensemble est propre et très bien entretenu. On distingue de nombreuses installations permettant l’illumination nocturne du parc.
A l’entrée du parc, un restaurant qui semble réputé et au fond, un parc aquatique accessible de manière indépendante de Central Park (non visité).
ANHOR PARK
Anhor Park n’est pas à proprement parler un parc d’attraction. Ce serait plutôt un quartier des loisirs : un espace de grande dimension où l’on déambule librement entre les différentes attractions, que l’on va payer séparément.
Sur un vaste parc paysager très dessiné et où les arbres tardent encore à pousser, on va trouver :
- Une grande roue
- Un amphithéâtre
- Des monuments ouzbeks en miniature
- Un FEC intégrant un grand karting, du karaoke, une horror house, un petit kidspark et un laser game haut de gamme (avec répliques d’armes réalistes)
- Un zip-coaster (tyrolienne à virage) partant d’un parking silo et traversant le volume du karting
- Une montagne russe
- Un parc de loisirs outoor comprenant autour d’attractions foraines que d’attractions de type « active-entertainment » (accrobranche, escalade,…)
- Un espace commerçant de type bazar oriental proposant essentiellement des souvenirs.
Quelques visuels aperçus sur place suggèrent la création d’un parc aquatique indoor et d’une passerelle vers l’autre rive du fleuve.
Un synthèse, un rassemblement très intéressant de formes de loisirs variés, dans un espace urbain qui n’est ni vraiment un parc de loisirs et pas non plus un lieu de commerce.
MAGIC CITY
Dernier né des lieux de loisirs de la ville et livré uniquement sur sa première phase, Magic City est un des plus centraux. Il s’est développé en reconversion d’un site existant sur un grand parc public de la ville.
Il représente encore une forme différente des autres car c’est un ensemble constitué :
- D’un quartier commerçant à thème (villes d’Europe) proposant des restaurants de gammes variées et des enseignes retail (prêt à porter,…) que l’on pourrait trouver dans un centre commercial.
- D’un lac avec spectacle de fontaine avec un château féerique en arrière-plan
- De trois grandes attractions indoor : un cinéma, un aquarium (Polin) et un FEC sur deux niveaux proposant Arcade, Réalité Virtuelle, Bowling, manèges, plaine de jeu, cinema 5D, …
- De plusieurs scènes et amphithéâtres permettant l’organisation de petits évènements et de spectacles
La seconde phase, accessible en passant sous le château, devrait proposer plusieurs manèges dont montagnes russes et grande roue.
Si la cohérence n’est pas partout au rendez-vous, l’ensemble est plutôt bien traité avec une recherche de thème et d’ambiance.
Magic City une fois sa réalisation achevée, devrait être une synthèse aboutie dans la fusion, en centre-ville, d’un centre commercial et d’un parc d’attractions. A suivre !
Le dernier grand parc de la ville TASHKENT LAND, était malheureusement fermé. Il s’annonçait aussi très intéressant avec son approche paysagère et son grand plan d’eau surmonté d’une montagne russe. C’est un des premiers parcs à avoir ouvert après la fin de l’ère soviétique puisqu’il remonte à 1995. A noter que Tashkent Land comporte un son parc aquatique qui lui était ouvert.
D’après rcdb.com, on compte à Taskent cinq parcs d’attraction de plus. Et c’est sans compter d’autres parcs et grandes places, très dessinées et dotées d’attraction qui font un peu penser à un parc de loisirs, comme Tashkent City Park avec un planétarium, un amphithéâtre, des aires de jeu et de sport, des restaurants et un grand lac avec des fontaines.

Parmi les points communs de ces parcs d’attractions urbains :
- Un modèle du pay-per-ride, qui permet l’entrée gratuite avec une tarification à l’attraction. Avec un coût des tickets attractions entre 0,5€ et 3,5€, on se situe sur un niveau élevé au regard du salaire moyen local (environ 240€/mois). Les attractions de type playground sont souvent d’accès payant, au temps passé.
- Pas ou peu d’espaces de stationnement malgré une ville organisée pour les déplacements automobiles.
- Un public familial élargi (enfants, parents et grands-parents souvent dans un même groupe).
- Une fréquentation soutenue en soirée, notamment lorsque les températures baissent.
Cette offre importante en lieu de loisirs peut s’expliquer de la manière suivante :
- Une population urbains importante, assez jeune et dont le niveau de vie augmente
- Une rareté en loisirs de plein air autour de la ville. Seule la station de montagne du lac de Charvak peut constituer une destination pour s’aérer mais elle est loin d’avoir une grande capacité d’accueil.
- Une disponibilité en terrain non bâtis et reaménageables, en cœur de ville : les grands parcs de l’époque soviétique.

Néanmoins, l’offre de parcs d’attraction urbains de la ville reposera toujours sur un équilibre fragile influencé par :
- Les besoins et envies de la population et des touristes que la ville souhaite attirer plus nombreux. Et les dépenses qui y sont associées.
- Le développement d’offres alternatives, autour de la ville. Notamment des centres commerciaux.
- Les critiques parfois émises localement contre la transformation des rares espaces naturels urbains en lieu de loisirs, artificialisés, visités, éclairés et sonorisés.
- La valeur foncière des terrains accueillant des parcs, qui peut s’élever à un point tel que leur fonction évoluera. Faisant ainsi disparaitre des lieux de loisirs au profit d’opérations immobilières d’ampleur, constituées de résidences et de bureaux.
En synthèse, ce fut une découverte très surprenante tant dans la quantité que dans la variété de l’offre loisirs de la ville. Ce fut aussi une confrontation enrichissante vis-à-vis d’enjeux qui peuvent apparaitre éloigné d’un contexte occidental.
Enfin, une nouvelle preuve que l’univers des loisirs en ville n’en finira jamais de surprendre !
Photos : Funfaircity/Voltere, sauf source indiquée.