Seconde édition du « Funfaircity Weekend« , cycle de visite démarré en Août dernier et tenu ici encore dans la capitale les 22 et 23 février dernier.
Au programme :
- Close, seconde saison d’un des premiers spectacles de théâtre immersif français, par Big Drama
- Echo Squad, aventure coopérative et immersive très originale à la rencontre du jeu vidéo et de l’escape game
- Le musée en herbe, centre d’art dédié à la famille et aux enfants, mettant la pratique en valeur.
Sans plus attendre, voici une analyse complète (mais garantie sans spoiler) des lieux et expériences découvertes à cette occasion. N’hésitez pas à partager votre avis dans les commentaires si vous avez aussi eu l’occasion de vous y rendre.
CLOSE (BIG DRAMA)
Vivre une représentation de théâtre immersif était une des expériences que j’attendais le plus depuis la création de Funfaircity et son premier article sur le sujet. Je m’y suis par la suite beaucoup intéressé en prenant connaissance de nombreuses références à l’étranger (merci NoPro et Mélanie Dorey) tout en me réjouissant de voir ce genre très prometteur arriver dans notre pays. Mes attentes étaient donc très élevées !
Quand l’opportunité d’un week-end à Paris s’est présentée, je n’ai pas hésité à prendre une place pour Close. Maintenant qu’il est temps de vous en parler, il importe de bien choisir mes mots pour vous dévoiler mon ressenti, suffisamment pour vous donner envie d’y aller à votre tour mais pas trop pour vous laisser la surprise de l’expérience.
D’ailleurs, ma première recommandation serait de me croire sur parole et de prendre votre place pour une soirée la bas sans rien lire d’autre mais comme l’idée est tout de même d’écrire, tentons l’exercice !
L’avant-show :
Le réservation est aisée et offre le choix entre un accès simple et un accès premium avec consommation incluse et entrée anticipée dans le lieu de la représentation : le Phénix, un cabaret fictif du début du 20e siècle. Rapidement, le billet est envoyé avec l’adresse et les modalités pratiques. Le spectacle s’approche et un dernier courriel rappelle notre invitation au Phénix où l’on assistera à une noce. Le public est d’ailleurs invité à se vêtir en accord avec le thème de l’évènement.
Le jour même, la perspective de cette soirée dans l’inconnu s’avère très excitante. A quoi cela va ressembler ? Que va-t-il se passer ? Avec qui vais-je parler ? Vais-je comprendre ? Vais-je être à l’aise ?… sont autant de questions qui traversent l’esprit au fur et à mesure que l’heure approche… Le lieu se situe dans une rue parisienne sans animation particulière, il est facile d’accès et s’avère très confidentiel, seulement trahi par un peu de lumière et une file d’attente qui déborde légèrement devant l’entrée, l’essentiel des participants étant déjà à l’intérieur. Les participants manifestent beaucoup de curiosité, ce qui est très plaisant à voir. Un couple s’est même vu offrir une entrée sans savoir de quoi il s’agissait.
Le contrôle des billets et l’accueil est effectué par Fernand suivi d’un inévitable contrôle de sécurité. Nous parcourons ensuite un long couloir très légèrement embrumé et doté de quelques éléments de décors. Le vestiaire est au pied d’un escalier conduisant au sous-sol. Il est gratuit et obligatoire, manteaux, sacs et téléphones portables sont confiés afin de profiter au mieux de l’expérience. Et voilà une excellente chose !
Nous passons enfin dans le dernier sas qui nous sépare du Phénix. Juste avant de passer le rideau, un dernier accueil par Joséphine qui nous remet les masques, nous prodigue les dernières recommandations et répond aux éventuelles questions. Si l’expérience nous désoriente, il faudra aller la trouver !
Les décors :
Le premier contact avec le Phénix se fait à travers ses décors. Ils sont riches, variés, abondants et surtout de grande qualité. L’immersion est immédiate, aidée par une lumière tamisée, une légère brume de spectacle et un fond sonore particulièrement travaillé et composé d’une musique d’époque mais pas seulement.
Le lieu est organisé sur deux niveaux avec des petites pièces (chambres, boudoirs,…), des grandes (salle de revue), des espaces de passage (atrium, couloirs,…) et un (vrai) bar. Tous les lieux servent au déroulement de l’intrigue et peuvent accueillir un jeu d’acteur. Le sous-sol est toutefois limité en nombre de personnes, pour raisons de sécurité je pense. Toutes les pièces sont meublées et décorées par des plantes, des affiches spécialement conçues, des grands vases et toutes sortes d’accessoires… La pièce principale est également équipée d’un piano droit, de fauteuils et d’estrades.
Les acteurs :
Close est interprété par une dizaine d’acteurs accompagnés d’environ huit membres du « personnel du Phenix » qui ne jouent pas de rôle au sens de l’intrigue mais qui participent activement à la vie du lieu, servent au bar, chantent, et restent à la disposition du public en cas de besoin. Les tenues et accessoires utilisés sont de très belle facture et, contrairement à une pièce de théâtre sur scène, on peut ici les voir de près !
Le jeu d’acteur est un réel jeu théâtral et non un simple jeu de rôle. L’intensité des émotions est bien présente et les professionnels à l’œuvre ont un réel talent pour la transmettre au public malgré la promiscuité de certaines pièces. L’essentiel des répliques a lieu entre les acteurs mais de temps à autre, ces derniers ne manquent pas d’associer subtilement et simplement le public à un choix, un mot, une petite action. Il est facile d’engager une brève conversation avec un des acteurs à condition de ne pas abuser pour ne pas perturber le jeu. La réponse, improvisée ou non, est alors très sincère et chaleureuse.
Enfin, la plupart des acteurs semblent avoir une excellente mémoire des participants rencontrés. Il n’est en effet pas rare d’être « reconnu », à bon escient.
L’intrigue :
On pourrait penser que l’intrigue de Close passe au second plan compte tenu de l’intensité de l’immersion proposée mais il n’en est rien, elle est tout à fait fondamentale. L’histoire de la soirée est contée au moyen de plusieurs intrigues qui se déroulent entre certains personnages et que l’on peut découvrir selon le parcours que l’on a choisi soi-même. Il y’a donc autant d’expériences que de participants à la soirée. Par moment, tous les acteurs se rassemblent dans la grande salle et les intrigues ne font plus qu’une, avant de se séparer à nouveau et d’entrainer un nouveau choix du public. Qui suivre ?
Mais que l’on se rassure, l’écriture est suffisamment intelligente pour que chaque participant soit à même de comprendre l’histoire, quels que soient les choix faits au cours de la soirée. On accède juste au dénouement par des voies différentes.
La pièce se sépare donc entre ce que l’on voit – et il est émouvant d’assister à un moment que l’on croit créé juste pour notre petit groupe – et ce que l’on ne voit pas – et il est tout aussi émouvant de réaliser que des évènements se nouent et se dénouent ailleurs au Phenix et qu’on ne les connaitra jamais, comme dans la vie.
Le public :
Avec près de 130 participants par soirée, le public est un composant du spectacle qui se remarque. La suggestion d’un habillement soigné est globalement respectée si ce ne sont quelques chaussures de sport… Les participants sont venus en couple ou en petits groupes d’amis. La moyenne d’âge doit tourner entre 30 et 40 ans avec quelques personnes dépassant la cinquantaine.
Le public joue parfaitement le jeu, en conservant son masque et en s’associant à l’intrigue tout en veillant à laisser les acteurs principaux travailler. Certains acteurs vont confier au public des taches simples, comme transmettre un mot ou un courrier à un autre personnage, le mettant ainsi au cœur de l’action. Lors de l’accueil, les groupes sont invités à se séparer afin que chacun puisse suivre un personnage de son choix, vivre l’intrigue à travers lui, pour mieux la partager ensuite. Il en ressort que le public se répartit de manière homogène et confortable entre les différents espaces du lieu indépendamment de leur taille. A aucun moment la présence du public n’a été une gêne.
Le prix :
Pour être absolument complet sur l’analyse il est nécessaire d’évoquer également le prix de la soirée. Une place seule pour un samedi soir m’a couté 52 €. Un montant tout à fait honnête si on le compare au prix d’un one man show d’un humoriste connu sans scénographie ou à une représentation contemporaine sur une scène nationale subventionnée. Pour une soirée aussi inédite et novatrice et compte tenu des moyens mis en scène, le prix demandé est parfaitement justifié. Les soirées ont toutes affiché complet. C’est un autre signal que ce prix était le bon.
Une fois sur place, le prix des consommation et des en-cas servis après le spectacle reste tout à fait abordable.
Le(s) lieu(x) :
En conclusion, je dirai que le rapport au lieu est l’un des aspects qui me fascine le plus dans cette discipline nouvelle. Donner une telle vie artistique à un lieu qui n’est pas conçu ou prévu pour cela à quelque chose de réellement magique. L’expérience attire des visiteurs dans une rue, un quartier qui ne l’attendait pas et l’intérieur du lieu se voit paré des plus beaux décors et animé d’une vie éphémère pour transporter son public dans un ailleurs, à portée de main.
En tant que visiteur du Phénix, je ne suis pas autorisé à dévoiler son adresse exacte mais le lieu retenu a un cachet fou et son organisation est bien adaptée à la pièce et à la gestion du flux de ses participants. On ressort de l’endroit en pensant à tous les autres qui pourraient accueillir un spectacle de ce type. Grand ou petit, patrimonial ou misérable, en vue ou confidentiel. Tout semble possible…
Et non content de sublimer le lieu – bien réel – où il se tient, Close fait également du Phénix – lieu fictif – un personnage central de son histoire. Cette double résonance avec la qualité et l’esprit d’un lieu est juste sublime. Chapeau !
Bilan :
Un bilan, vous l’aurez compris, tout à fait élogieux pour cette soirée qui réinvente totalement (et pour une fois le mot n’est pas galvaudé) l’expérience théâtrale et qui, je l’espère, fera des émules à Paris mais aussi en province ! Il faut reconnaitre le travail accompli par les créateurs car il est impressionnant de voir un concept de spectacle aussi neuf et déjà aussi fluide, maitrisé et cohérent.
Bravo et merci à Big Drama et à tous les acteurs associés à la soirée pour ce moment magnifique.
Longue vie au Phénix, au théâtre immersif et à la mise en scène de tant d’autres lieux !
Close par Big Drama (réservations jusqu’au 05 Avril)
ECHO SQUAD (GEAR PROD, CHEZ ESCAPE LAB)
Expérience Echo Squad est accessible chez Escape Lab, un lieu des loisirs urbains très intéressant. C’est une pépinière de jeux coopératifs et immersif au rang desquels escape game bien sûr mais aussi réalité virtuelle (Eclipse par exemple) et d’autres expériences « inclassables ». Echo Squad fait partie de ces dernières. Il est commis par Gear Prod, une startup Montpellieraine spécialisée dans les attractions immersives et innovantes tentant d’associer le meilleur du jeu vidéo au meilleur de l’escape game.
L’aventure qui nous attend va nous mettre aux commandes d’un sous-marin qui peut accueillir 6 joueurs sur une session de jeu allant jusqu’à une heure. Le but du jeu n’est pas de sortir du sous-marin (car on risquerait une dépressurisation fatale…) mais de réaliser une mission, en pilotant en équipe ledit sous-marin.
Le briefing est dynamique, drôle (bravo au game master) mais peut-être un peu long. Dans l’histoire racontée, notre groupe a prétendument passé des examens difficiles pour avoir l’opportunité de cette mission. Cet examen imaginaire mériterait presque d’être un « preshow » en soi : une petite fiche questionnaire à garder en souvenir où est expliqué le fonctionnement du sous-marin et le rôle de chacun dans l’équipe.
Car l’intérêt d’Echo Squad réside en grande partie dans ce fonctionnement en jeu de rôle. Il y’a un pilote, chargé de la direction et de la profondeur, un sonar chargé de la navigation, un mécanicien chargé de la vitesse et du maintien de la pression interne et deux artilleurs chargés des torpilles et des grappins servant respectivement à éloigner les intrus et attraper les trésors ! Ah, j’oubliais le capitaine, chargé de coordonner l’ensemble de l’équipe pour la bonne marche du sous-marin car finalement, il n’y a que le pilote qui voit vraiment où il va. La capitaine a droit à un briefing spécial et même quelques attributs dédiés… surprise !
La mission à effectuer est somme toute assez simple mais la séparation des rôles va la rendre complexe, amusante et très intéressante. Le parcours est également ponctué d’imprévus et d’opportunités de gagner des points en plus. Le sous-marin est facile à prendre en main après quelques minutes et révèle plusieurs options supplémentaires au fil du jeu. La session s’achève quand l’autonomie en oxygène s’épuise ou quand la mission est finie. Selon les points accumulés, le message de fin de mission est adapté. Notre petite équipe ne s’est est pas trop mal sortie !
Echo Squad a en commun avec un escape game un lieu fermé doté d’un thème poussé, une durée limitée et une expérience de coopération d’équipe. La ressemblance s’arrête là car il s’agit ensuite d’une expérience bien plus proche d’un jeu vidéo mais dont les commandes sont déstructurées pour être joué à plusieurs, via l’avatar d’un vieux sous-marin aux antiques mécanismes. Au final, un des deux artilleurs n’a pas de grande utilité et le capitaine n’a de vrai rôle que dans les équipes où la communication fonctionne mal. Les dessous du jeu et son pilotage de l’extérieur sont très intéressants, merci à notre game master pour nous les avoir brièvement présentés !
Echo Squad est une expérience de jeu en équipe réellement originale est très convaincante ! Le concept permet d’imaginer d’autres missions pour ce même sous-marin ou d’autres véhicules, intégrer plus d’effets spéciaux tout en développant encore plus le jeu de rôle.
Bravo et continuez comme ça !
Echo Squad (Montpellier, Paris, Genève et d’autres lieux bientôt dévoilés). L’expérience est accessible aux enfants à partir de 10 ans ainsi qu’aux personnes à mobilité réduite.
MUSEE EN HERBE
Un mot enfin sur ce joli petit lieu du centre de Paris, bien adapté à la découverte artistique par les plus jeunes. Au programme, une petite galerie d’exposition dédié à un artiste (le street artist Atlas en l’occurrence) avec un parcours de visite faisant la part belle au jeu et à l’expérimentation. Au sous-sol un atelier bien équipé et très bien animé pour que les plus jeunes (à partir de 2 ans et demi) puissent s’exercer à la création sur différents supports. La démarche créative est bien décomposées en taches élémentaires faciles à faire et le résultat final est réellement épatant.
Un très beau lieu à découvrir en famille même pour une visite courte, adaptée au plus petits.
Musée en Herbe : rue de l’arbre sec 75001 PARIS
Retrouvez ces avis de visite et bien d’autres sur le profil Trip Advisor de Funfaircity.
Bonjour Vincent Décidément tu es un bon critique artistique car je viens de prendre 4 place pour Close , suite à la lecture de ton article ! Bravo pour ta constance et tes analyses toujours pertinentes ! Bien à toi
Thierry COLTIER Managing Partner, Loisirs Horwath HTL France & Ivory Coast
6, rue Dunois, 75013 Paris 7, Avenue Noguès, Abidjan Plateau, Abidjan 01 Direct : +33 1 42 17 43 61 Mobile : +33 6 10 25 26 87 Email : tcoltier@horwathhtl.com http://www.horwathhtl.fr / http://www.horwathhtl.com Click here to subscribe to the latest Horwath HTL News Follow us on LinkedIn
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Bonsoir Thierry ! Merci pour ce commentaire. Je suis heureux de t’avoir donné envie de te rendre au Phénix. Je suis sur que tu vivras une magnifique soirée !
Bien à toi,
Vincent
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